« Eh, les loulous, le week-end du 31 mai, qui veut venir visiter le
festival de graphisme de Chaumont, vous allez voir, ça va être super, il y aura
plein de graphisme dans les rues » telle est l’entrée en scène que nous a fait
Nathalie Templier quand elle nous a annoncé le voyage de classe qu’elle avait
planifié.
J’ai alors tout de suite chercher à me renseigner sur la localisation de
ce festival : « Chaumont
est une commune française, située dans le
département de la Haute-Marne (dont elle est la préfecture) et dans
la région Champagne-Ardenne. » Je suis ensuite tombée sur
l’affiche du festival qui va à l’encontre des codes enseignés en général dans
le graphisme. Quand j’ai vu ça, je me suis vraiment posée des questions. Bon,
certes, je n’en savais pas vraiment plus, j’ai alors décidé d’aller voir par
moi-même et de me faire ma propre opinion sur le sujet. Bagages faits, les
courageux sont alors montés dans le car. Après 8h de trajet, nous sommes enfin
arrivés à Chaumont sous un ciel grisâtre et très pluvieux, autant dire que pour
l’instant le week-end de rêve annoncé par Nathalie n’était pas trop au
rendez-vous. Attente pénible sous la pluie et le vent car, d’après la sécurité
du lycée où nous étions hébergé, « 17h, c’est 17h ». Après 30 min
serrés comme des pingouins, deux agents de sécurité sont arrivés :
rangers, blaser, casquette, et presque batte de baseball, c’est vrai qu’à
Nantes, on est pas vraiment fréquentable. Pour résumer, l’heure à Chaumont est
très importante, pas de retard et surtout de la discipline : pas le droit
de fumer dans l’enceinte du lycée, pas le droit de ramener de l’alcool dans son
sac, pas le droit de faire de bruit, pas le droit d’être en retard, petit
déjeuner entre 8 et 9h. Tous les potentiels courageux, regrettant d’avoir
donnés leur accord, se sont alors regardés et se sont tous dit « mais
qu’est-ce qu’on a le droit de faire ? »
Après avoir déposé
nos valises et autres bricoles, nous nous sommes dirigés vers le centre de
Chaumont où nous avons commencé notre première visite aux silos, maison du
livre et de l’affiche. Par chance, nous avons pu assister à une cérémonie de
remerciements de la part du maire aux graphistes et organisateurs ayant participé
au festival. A cette occasion, nous avons d’ailleurs croisé le graphiste Malte
Martin. A suivre, petits fours, champagne et autres festivités, ce qui
commençait bien notre visite dans la ville du graphisme. Nous avons fini la
soirée dans le Khédive café et ensuite profité des concerts dans le centre de
Chaumont jusque tard dans la nuit.
Le lendemain, réveil
presque à l’aube, 8h30. A 10h, nous étions dans le centre où nous avons repris
les visites à l’entrepôt des subsistances : affiches des graphistes
participant au concours étaient exposées ainsi qu’une machine très ingénieuse,
l’imprimante à pédales. Un objet très surprenant et décalé, bien à l’image du
festival. Une feuille est posée sur une planche de bois et placée en dessous
d’un pochoir. Une brosse est ensuite trempée dans de l’encre. Après tous ces
réglages effectués, une personne se met à pédaler grâce au vélo et fait de ce
fait avancer la brosse qui répand l’encre sur le pochoir. La feuille est alors
imprimée. La visite se poursuit avec la visite de la fabrique Tisza Textil où
des projets de fin d’études ont été exposés. Parmi ces étudiants, un projet m’a
particulièrement intéressé : le Nankin Lab dont la devise était :
« we consider destruction as a constructive weapon ». Un designer
produit et visuel qui a su rendre son projet inventif, décalé de part son sujet
original à savoir la destruction comme moyen de construction. L’amusement était
vraiment au cœur de son projet de part le graphisme épuré et les couleurs très
vives et présentes.
Dans l’après-midi, nous
avons visité les exposants présents dans la Banque de France et nous avons
passés notre après-midi à créer des abécédaires avec les règles à formes
prédéfinies, retour à l’école primaire, comme quoi il n’y a pas d’âge pour
faire du graphisme. Nous sommes ensuite allés voir les livres des grandes
maisons d’édition. Mon coup de cœur s’est porté vers les bandes dessinées du
collectif « Le Dernier Cri », illustrations en noir et blanc avec une
seule couleur dominante, souvent du jaune, vert, orange, souvent imprimées en
sérigraphie. Une typographie à la main qui rend l’ensemble dynamique et très
équilibré. Dommage que je n’ai pas eu assez d’argent pour ramener un
échantillon dans ma valise. Nous avons terminé la soirée en allant faire un
tour à la salle festive de Chaumont où un concert avait été organisé, le côté
décalé était cette fois sur l’installation réalisée. Un graphiste créait des
fonds psychédéliques sur Photoshop en suivant la musique. Expérience étrange
mais intéressante par son côté très expérimental.
Le lendemain, réveil
plutôt compliqué. Nous avons entamé notre dernière matinée sur Chaumont. Visite
d’une exposition de mosaïques où j’ai été agréablement surprise par la
multiplicité des techniques de poses qui offrent un graphisme diversifié et
coloré. Nous sommes ensuite rentrés en direction de Nantes où nous avons tous
piqué un somme.
Pour conclure, le festival
de Chaumont est un événement décalé qui joue beaucoup sur l’humour. On peut par
exemple citer la signalétique qui indique des lieux tels que « nulle
part » ou encore « par ici » ou « par là ». Celui-ci
offre une perspective variée, ludique du graphisme. Le côté expérimental
n’était par contre pas assez développé à mon avis pour le grand public, car le
but est à la fois de satisfaire les graphistes mais aussi de rendre accessible
et compréhensible aux néophytes. Un festival intéressant qui mérite d’être
visité pour ouvrir son esprit et son avis sur des réalisations décalées et
osées. Le festival de Chaumont c’est aussi des grands noms du graphisme qui se
promènent dans les rues. J’ai aussi réussi à comprendre le lien entre l’affiche
et le festival, le jeu et le décalage qui rend cette affiche, certes,
intrigante mais bien en lien avec l’ambiance présente à Chaumont. Inconvénient
majeur, je m’attendais à plus d’expositions étant donné qu’il s’agit d’un
événement international. En effet, vers la fin du voyage, nous avons beaucoup
errés dans la ville à la quête de quelque chose pour s’occuper. J’ai été un peu
déçue de voir peu de graphisme dans les rues et peu de dialogues entre les
graphistes présents sur le lieu. Un festival que je conseille quand même de
faire au moins une fois.