En tant
que jeune motarde, je me sens concernée par les causes des accidents de motos.
Il me semble, de ce fait, intéressant de s’interroger sur les différentes
hypothèses pour être plus avertie sur la route.
Aujourd’hui,
on compte environ 22 morts et 66 blessés par jour sur les routes de France[1].
Les usagers les plus touchés sont les conducteurs de deux-roues motorisés. Et
parmi les deux-roues, les motards ont un risque d’être tués qui est 11 fois
supérieur à celui d’un automobiliste[2].
Même si l’on remarque une diminution des accidents routiers à partir de 1972[3],
il y en a encore trop.
Quand on
interroge les différents usagers de la route sur ces chiffres, on s’aperçoit
que le motard est perçu comme quelqu’un d’irresponsable, il roulerait très
vite, il ne respecterait pas le code de la route car il serait contestataire et
ne se soucierait absolument pas du danger. Il ferait ce qui l’arrange et ne
tiendrait absolument pas compte des autres, ce serait un marginal. Il roulerait
souvent en bande, dans un cercle qui paraîtrait très fermé. Il évoquerait la
liberté. Il serait aussi séducteur, on le retrouverait avec une belle blonde à
forte poitrine en guise de passagère. Le motard serait également agressif et
bruyant[4].
Selon Planète Moto[5], ces
différents clichés sont dus à la télévision, notamment à la publicité, et au
cinéma[6].
Car il me semble effectivement qu’il ne s’agit que de stéréotypes et on peut
alors se demander si chacun des usagers de la route n’aurait pas des
responsabilités dans les accidents des deux roues.
Pour
répondre à cette question, je vais maintenant essayer d’évoquer les réelles
causes de ces accidents en démantelant les clichés et en m’interrogeant sur les
pratiques des différentes catégories d’usagers de la route.
La vitesse
est la première cause mise en avant par la Sécurité Routière dans les accidents
de deux roues, ce qui entraîne de fausses croyances chez les automobilistes. Selon
une étude de l’ACEM[7], la
vitesse de déplacement de la moto au moment de l’impact est inférieure à 50km/h
dans 70% des cas. Cette hypothèse n’est donc pas une cause principale dans ces
accidents.
Interrogeons-nous
alors sur un autre aspect, les infrastructures mises à disposition des usagers
de la route. La voiture a été utilisée comme véritable moyen de transport au
début du XXème siècle[8],
contrairement à la moto qui se démocratise surtout grâce à la première guerre
mondiale[9].
Ces deux dates nous prouvent bien qu’au départ le code
de la route n’est pas fait pour les motards. Mais peut-être celui-ci a t-il
évolué en faveur des conducteurs de motos ? Le nombre de deux roues
augmentant sans cesse, le code de la route devrait évoluer en ce sens. Malgré
cela, on remarque encore de nombreux problèmes : glissières de sécurité appelées
aussi « guillotines à motards », marquage au sol glissant quand il
pleut, les bouches d’égouts, les feuilles mortes et imbibées d’eau sur le sol,
la boue, les graviers et parfois même une signalisation inexistante en cas de
travaux… On s’aperçoit également que les différents utilisateurs sont mis en
conflit les uns avec les autres : les cyclistes, par exemple, peuvent
circuler en sens inverse des voies motorisées ![10] Autant d’incohérences qui font de la route une sorte de
bras de fer quotidien pour chaque usager. Celui qui en paye le prix fort est
tout simplement celui qui est le moins protégé. Le motard est un conducteur
minoritaire et n’est, à mon sens, pas pris en compte. Ces différentes
incorrections de la chaussée vont l’obliger à effectuer des évitements ou des
slaloms pour garantir sa sécurité, manœuvres souvent inconnues par les autres
usagers, ce qui renforce l’incompréhension et le manque de respect mutuel entre
les différents utilisateurs de la route[11]. Cette méconnaissance est encore accentuée par les
stéréotypes que nous avons évoqués auparavant.
Ce manque
de compréhension provoque des accrochages : les perdants sont généralement
les deux-roues. Une des causes les plus importantes d’accidents est due aux
propriétés physiques de chacun des véhicules entraînant le comportement de
chaque usager sur la route. En effet, dans 60% des cas, le sinistre provient de
l’erreur humaine du tiers automobiliste qui n’a pas détecté la moto ou vu trop
tard[12].
On peut donc en conclure que les conducteurs de voitures ne prennent pas assez en
compte leur environnement. Leur automobile forme une sorte de bulle protectrice
autour d’eux. Ils sont bien protégés et ils pensent de ce fait qu’ils ont moins
besoin de faire attention que les autres. De plus, le fait d’avoir quatre roues
les rend très stables sur le bitume, ils peuvent donc se permettre de ne pas
faire aussi attention que les deux-roues. Enfin, on remarquera que l’automobile
rend possible à celui qui conduit de faire un nombre de choses au volant qui
n’ont rien à voir avec la conduite : téléphoner, chanter, manger, fumer…
C’est donc à cause d’une trop grande confiance du conducteur dans la sécurité de
la voiture que grand nombre d’accidents se produisent chaque année. Il s’agit
ici du facteur psychologique qui va procurer à l’automobiliste un sentiment de
grande sécurité, une invulnérabilité à l’intérieur de son véhicule et entraîner
plus facilement une négligence de sa part. Autre aspect dû aux véhicules,
l’ergonomie. Le motard, du fait de l’absence de carrosserie et de sa fragilité
en matière de stabilité va être extrêmement attentif à ce qui l’entoure[13],
il est directement en contact avec l’environnement routier contrairement à
l’automobiliste. L’habitacle de la voiture protège le conducteur et lui cache
aussi la route dans certains angles de vue. Les deux types de véhicules sont
donc totalement différents, ce qui explique une fois de plus les incompréhensions
entre les deux-roues et les automobilistes.
La
Sécurité Routière est un organisme s’assurant de la sécurité sur la route de
chacun des usagers et permet de faire le lien entre chacun d’eux. Comme nous
l’avons constaté auparavant, les deux-roues motorisés sont des utilisateurs peu
visibles, voire non visibles sur le réseau routier. De ce fait, la Sécurité
Routière a donc voulu, sans succès, obliger les conducteurs de cylindrées de
plus de 125cm3 de porter un gilet jaune[14].
Le motard est déjà équipé de bandes réfléchissantes sur le casque et sur les
vêtements. Il est aussi dans l’obligation d’avoir le feu de croisement de sa
moto allumé quelque soit le moment de la journée pour être mieux vus des
autres. La communauté motarde a donc refusé cette loi. Celle-ci a donc encore
été perçue comme contestataire. Penchons-nous maintenant sur les « 150 cm3
de bandes réfléchissantes ». Cela représentait en fait un carré d’environ 12
cm de côté. On comprend par ce calcul que ce gilet n’aurait servi à rien
puisqu’il n’aurait pas été visible des autres usagers de la route. De plus, qui
souhaiterait porter un vêtement jaune fluorescent alors que le cuir noir est
l’élément principal du style motard ? Encore une nouvelle preuve que la
Sécurité Routière ne tient absolument pas compte de cette culture. Cet
organisme contribue à renforcer l’image contestataire du conducteur de moto et
n’effectue pas son rôle premier qui est de « sécuriser » chacun des
utilisateurs de la route. Le problème de visibilité ne vient pas que des motards
mais aussi des automobilistes qui ne regardent pas assez autour d’eux. En quoi
le gilet jaune pourrait parer ce genre de problème ? Il conviendrait
plutôt de demander aux conducteurs de voiture de faire un effort. On comprend
en effet que la Sécurité Routière contribue également à l’incompréhension des
différents usagers entre eux en ciblant mal les problèmes actuels.
En tant
que jeune motarde, je m’interroge donc sur les solutions que chacun des
utilisateurs de la route pourraient développer à son niveau. Sécurité Routière,
éduque et apprend aux conducteurs de voiture à prendre conscience de leur
environnement et s’il te plaît ne met plus les usagers en conflit. Motard,
motarde, ne contribue pas à développer les clichés, rencontre l’automobiliste,
montre lui nos vraies particularités, fais lui connaître ce qu’est la grande
famille de la moto et emmène-le faire un tour si le cœur lui en dit. Conducteurs
de voiture, interroge toi sur ton comportement envers les autres au volant et
sur le respect d’autrui. Pour tous, le code de la route n’est pas fait seulement
pour vous embêter mais pour la sécurité de chacun sur le réseau routier.
Respectez-le et interrogez-vous sur la façon dont vous conduisez, remettez-vous
en question. Et n’oubliez pas, l’incompréhension et les préjugés sont les
principales causes d’accidents de motos sur la route.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
OUVRAGES
· planète moto, l’examen c’est dans la poche, Planète Permis, Septembre 2011
· Denis berger,
Motards
à l’âge adulte, normes et pratiques d’un groupe déviant, master de sociologie, Septembre 2007
· Béatrice HOUCHARD, Délinquance routière, vers la fin du scandale, Milan Eds, Janvier 2004
SITES WEB
· Frédéric, « Les motards qui sont-ils ? », extrait
de thèse « l’existence sociale des motards ») http://entremotards.free.fr/Fantasme/Motardsquisont-ils.htm
· Wikipédia, « Sécurité routière en France », 28 Décembre 2012
·
Le Repaire des motards, « Histoire de la moto », 8 Août 2010
·
Wikipédia, « Sécurité d’un deux roues », 28 Juillet 2012
·
Histoire pour tous, « Invention de l’automobile, la voiture », 22 Mars
2011
· Mehdiator, le motard qui
veut changer les choses,
vidéos
[14] « Arrêté du 3
janvier 2012 relatif aux équipements rétro-réfléchissants portés par tous
conducteurs ou passagers d'une motocyclette », Legifrance
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