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lundi 30 janvier 2012

Bande-son oeuvre sans titre, 1983

Bonjour à tous les auditeurs de Contempor’Art et bienvenue. Aujourd’hui nous allons vous présenter une œuvre sans titre réalisée en 1983 de l’artiste Daniel Tremblay.



Tout d’abord, qui est Daniel Tremblay ? Daniel Tremblay est né le 7 Mars 1950 près d’Angers. Plasticien ? Pas seulement, il se considère aussi comme un sculpteur de bas-relief. Il fait ses études à l’école des Beaux-Arts d’Angers. Il participe à divers collectifs comme Réseau Art 83 et Art prospect. Mais un accident mortel de la route à l’âge de 35 ans, mis brusquement fin à sa carrière artistique. Il a produit plus de 130 dessins, sculptures, bas-reliefs et installations.



Parlons maintenant de l’œuvre sans titre réalisée en 1983. Il s’agit d’une œuvre peinte sur différents rectangles d’ardoises assemblés entre eux formant le support de l’œuvre. Celle-ci est découpée en 2 parties inégales. La partie gauche de l’œuvre occupe le quart de la réalisation, la partie droite les 3 quarts. Ces deux parties semblent constituer les pièces d’un puzzle, elles s’assemblent selon un profil de personnage. Sur la partie gauche, on voit une lune, tandis que la partie droite est occupée par un personnage, allongé avec les jambes et les bras pliés. Le tout dessiné à la peinture dorée et accroché dans un angle de mur.



Analysons l’œuvre. L’utilisation de l’ardoise est un élément récurrent chez Tremblay. Comme il le disait lui-même : « Tout objet a le pouvoir dans les mains d’un artiste de devenir un objet poétique ». Ce matériau mat lui rappelle la nuit. Il se sert d’objets banaux ayant déjà eu une utilisation ce qui lui permet d’intégrer un degré de poésie.



Sa poésie est également accentuée grâce au dessin enfantin et simplifié, qui donne un côté nostalgique et mélancolique d’une enfance passée. En effet, quand on regarde le personnage, on ne sait pas s’il s’agit d’une femme ou d’un homme. Chaque spectateur peut s’y identifier. Sa posture est ambiguë : dort-il ou est-il mort pendant son sommeil ? L’aplat de couleur et sa posture font penser à une scène de crime. S’agit-il d’un assassinat ? C’est sur ce jeu entre mort et nuit que Tremblay base toutes ses œuvres. Il aime apporter de la poésie également pour enlever le côté pesant de la mort. Cette démarche n’est pas sans nous rappeler le poème de Victor Hugo Le Dormeur Du Val. Il y a un côté calme, serein, tout comme ces deux profils, puis tout d’un coup un univers pesant et dérangeant. La limite entre ces deux états est infime. S’agit-il d’un rêve ou bien d’un refus de regarder le monde ?



Le thème de la nuit est abordé par la présence de la lune mais aussi par l’utilisation de la bichromie noire et dorée. Celle-ci permet de garder un univers sombre évoquant la mort mais aussi les peurs enfantines, la peur de l’inconnu.



D’une façon générale, Tremblay nous plonge dans un monde de rêverie. Son art minimaliste met en place une poésie grâce au silence, qui nous fait basculer vers le thème pesant de la mort. Les thèmes abordés et l’utilisation de l’ardoise créent un jeu entre l’éphémère et l’éternel. Bien que le jeu mis en place mêle calme et sérénité, on a aussi un jeu d’humour, de dérision et de sérieux.


Merci à tous les auditeurs de nous avoir suivi et à demain pour une nouvelle émission.


 Sans titre, 1983

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