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lundi 30 janvier 2012

citations de Daniel Tremblay

"J'ai travaillé avec des profils parce que le profil c'était le moyen le plus simple de signifier un homme, c'est-à-dire avec un minimum de signes, on arrive à raconter un personnage, alors que si on le fait de face, on est obligé d'écrire davantage. Toutes ces séries de profils devenaient une espèce de calligraphie, une sorte d'écriture où il y avait une conversation entre tous ces profils"


"La dérision pour moi, c'est un moyen de parler des choses qui ont l'air un peu sérieuses ou un peu graves avec un peu de légèreté et je trouve que mélanger, disons le côté léger du rêve et le côté un peu lourd de la mort sont des associations qui font que les choses peuvent peut-être passer plus facilement"


"J'aime pas les choses définitives mais il y a quand même quelque chose de l'éternité qui me plaît beaucoup. Je ne sais pas pourquoi"


« L’idée de paillassons que l’on piétine tous les jours et dont j’aimais la texture et l’épaisseur m’est venue bizarrement. Je trouvais que les punks ressemblaient un peu à des paillassons […] Les moquettes et les brosses sont venues simplement à la suite de ça. » 


« Une installation c’est un jeu où l’espace intervient comme un matériau avec des potentialités propres que j’essaie de trouver »



Sources:

Daniel Tremblay de profil
Daniel Tremblay, Patrick Le Nouëne
Daniel Tremblay, 1950-1985

The Last Wave, 1984

 The Last Wave, 1984



The Last Wave, 1984 est une installation, de 11m de long sur 6,50 m de large et 3 m de hauteur, réalisée pour une exposition au musée d’art contemporain de La Jolla de San Diego en Californie. Thème de cette exposition : "The french spirit today". Tremblay a choisi d'exposer cette oeuvre dans un coin de la salle dont les baies-vitrées donnent sur le Pacifique.

Décrivons maintenant l'oeuvre. Une forme tentaculaire recouvre les murs, le plafond et une partie du sol. A bien y regarder, il s'agit d'une vague. Celle-ci est formée de cartes postales représentant des surfeurs californiens. Au centre de cette vague, il y a un socle avec une tête endormie posée sur celui-ci. Elle aussi est faite de cartes postales. 

Cette vague est prête à engloutir la tête ce qui appelle le spectateur à ressentir de la peur. Il y a un réel mouvement qui se créé avec cette vague alors que pourtant elle est bien statique sur le mur. C'est comme si l'océan Pacifique rentrait dans la pièce par les fenêtres. Comme a dit Tremblay lors de sa première visite au musée, "quand j'ai vu l'espace, j'ai su que je voulais faire entrer l'océan dans la pièce".

Encore une fois, on reconnaît bien la patte de l'artiste. En effet, il utilise toujours un matériau banal, la carte postale, qu'il détourne de sa fonction première. La durée de cette installation n’a été que de quelques semaines. Elle a été détruite peu après la fin de l'exposition. La tête, quant à elle est entrée dans la collection du musée des beaux arts d’Angers en 2005.


Sources : 

Daniel Tremblay de profil
Daniel Tremblay, Patrick Le Nouëne
Daniel Tremblay 1950-1985

Daniel Tremblay ou l'amoureux des étoiles

 Sans titre, 1982



 Sans titre, 1983



 Sans titre, 1985



 Moon In Check, 1983


 Sans titre, 1983


 Sans titre, 1985


 Sans titre, 1982


Rose Lune, 1985

biographie de Daniel Tremblay




Daniel Tremblay  est né le 7 mars 1950 à Sainte-Christine près d’Angers. 

De 1966 à 1969, il fait ses études à l’Ecole des Beaux-Arts d’Angers. Après avoir obtenu son diplôme à l’Ecole des Beaux-Arts, il reçoit une bourse pour le Royal collège Of Art de Londres. En 1975, il travaille au Royal College dans le domaine de la sculpture. Puis il est élu au Master Of Art. 

De retour en France il commence à enseigner la sculpture à l’Ecole des Beaux-Arts de Mulhouse de 1979 à 1981. Dans le même temps, il organise sa première exposition à la Biennale de Paris où il montre des galets recouverts d’étoiles. En 1981, il participe à quelques expositions collectives comme Un regard autre à la galerie Farideh Cadot à Paris mais aussi à Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon et aussi au Musée Bonnat de Bayonne. Puis il obtient un poste de professeur de dessin à l’Université de Paris 6. 

En 1982, il fait sa première exposition personnelle au Musée de Toulon qui achète une de ses œuvres. Il participe à diverses expositions mais aussi au Réseau Art 83 et Art Prospect. En 1985, il rencontre l’éditeur Jacques Damase avec lequel il projette un livre. 

Il se tue au volant de sa voiture dans la nuit du 8 au 9 avril 1985 près d’Angers, il repose à Sainte-Christine : son village natal. En 1987, on compte deux expositions rétrospectives : l’une organisée à Angers par l’Ecole Régionale des Beaux-Arts d’Angers et l’autre par Marie-Claude Jeune à Breda au Musée Beyerd en Hollande.

Durant sa carrière, il a réalisé plus de 130 dessins, sculptures et bas-reliefs.

oeuvres de Tremblay

Beaucoup de critiques d'art qualifie Daniel Tremblay  d' "alchimiste désinvolte". Alchimiste car il colle une histoire à des objets qui n'en ont pas et désinvolte car il essaye au maximum de ne pas influencer le spectateur en ne lui dévoilant pas sa réflexion. Il laisse au spectateur les clés pour qu'il se fasse lui-même une histoire grâce à son vécu. 

C'est un artiste qui utilise des objets du quotidien tels que des paillassons, de la moquette, du caoutchouc,  de l'ardoise, de la pierre, des balais, de l'éponge, des faucilles... Avec ces différents types d'objets, il crée toute une poésie en détournant ces matériaux de leur fonction première. Comme il le disait lui même : "Tout objet a le pouvoir dans les mains d'un artiste de devenir un objet poétique". Cette poésie est créée par la renaissance de ces objets. Il se sert d'objets industriels dans le sens où ces objets sont neutres. Ils n'ont pas de connotation particulière.

Il marie les éléments superflus comme les paillettes ou les étoiles avec des matériaux résistants. Il joue entre l'éphémère et l'éternel. Il marie également l'humour et le sérieux. L'humour comme le pisseur d'étoiles, les corbeaux chanteurs de blues, ou encore le poisson rouge dans un bocal. 


 Sans titre, 1983


 Sans titre, 1980


 Raven's blues, 1983



Le sérieux car il traite des thèmes comme l'amour, la vie, la femme, ou encore la mort. Ces thèmes sont abordés de façon poétique avec une certaine sérénité et un certain calme.

Il utilise différents éléments récurrents comme les profils de personnages, c'est la façon la plus simple de représenter un homme. Les corps endormis ou de personnes mortes nous emmènent dans le domaine du rêve et de la mort. Le balai donne une idée de paresse, chose que l'on peut faire tout en pensant à autre chose. On nettoie le sol mais aussi sa tête.
 

Sans titre, 1983


 Sans titre, 1980


La sieste éternelle, 1983


Pour lui, la dérision est un moyen de parler des choses sérieuses ou graves. Pour cela, il intègre le rêve dans ses oeuvres ce qui provoque une certaine poésie. Il met en place une sorte de repos, de calme, de silence. C'est ce qu'il recherche de façon générale dans son travail.

C'est un artiste fasciné par les étoiles, la nuit et la lune. Ses dessins sont très enfantins, très simplifiés et appellent à l'imaginaire, mais aussi à des souvenirs personnels. Ils forcent le spectateur à avoir sa propre réflexion face à ses oeuvres. Ces personnages n'ont ni d'yeux, ni d'oreilles ce qui montre une certaine solitude et une certaine mélancolie face à la vie. Ils permettent aussi au spectateur de s'y identifier. En effet, on ne sait pas s'il s'agit d'une femme ou d'un homme. Ils nous rappellent notre enfance mais aussi les peurs enfantines et la peur de l'inconnu.


Sources: 

Daniel Tremblay de profil
Daniel Tremblay, Patrick Le Nouëne
Daniel Tremblay, 1950-1985

Bande-son oeuvre sans titre, 1983

Bonjour à tous les auditeurs de Contempor’Art et bienvenue. Aujourd’hui nous allons vous présenter une œuvre sans titre réalisée en 1983 de l’artiste Daniel Tremblay.



Tout d’abord, qui est Daniel Tremblay ? Daniel Tremblay est né le 7 Mars 1950 près d’Angers. Plasticien ? Pas seulement, il se considère aussi comme un sculpteur de bas-relief. Il fait ses études à l’école des Beaux-Arts d’Angers. Il participe à divers collectifs comme Réseau Art 83 et Art prospect. Mais un accident mortel de la route à l’âge de 35 ans, mis brusquement fin à sa carrière artistique. Il a produit plus de 130 dessins, sculptures, bas-reliefs et installations.



Parlons maintenant de l’œuvre sans titre réalisée en 1983. Il s’agit d’une œuvre peinte sur différents rectangles d’ardoises assemblés entre eux formant le support de l’œuvre. Celle-ci est découpée en 2 parties inégales. La partie gauche de l’œuvre occupe le quart de la réalisation, la partie droite les 3 quarts. Ces deux parties semblent constituer les pièces d’un puzzle, elles s’assemblent selon un profil de personnage. Sur la partie gauche, on voit une lune, tandis que la partie droite est occupée par un personnage, allongé avec les jambes et les bras pliés. Le tout dessiné à la peinture dorée et accroché dans un angle de mur.



Analysons l’œuvre. L’utilisation de l’ardoise est un élément récurrent chez Tremblay. Comme il le disait lui-même : « Tout objet a le pouvoir dans les mains d’un artiste de devenir un objet poétique ». Ce matériau mat lui rappelle la nuit. Il se sert d’objets banaux ayant déjà eu une utilisation ce qui lui permet d’intégrer un degré de poésie.



Sa poésie est également accentuée grâce au dessin enfantin et simplifié, qui donne un côté nostalgique et mélancolique d’une enfance passée. En effet, quand on regarde le personnage, on ne sait pas s’il s’agit d’une femme ou d’un homme. Chaque spectateur peut s’y identifier. Sa posture est ambiguë : dort-il ou est-il mort pendant son sommeil ? L’aplat de couleur et sa posture font penser à une scène de crime. S’agit-il d’un assassinat ? C’est sur ce jeu entre mort et nuit que Tremblay base toutes ses œuvres. Il aime apporter de la poésie également pour enlever le côté pesant de la mort. Cette démarche n’est pas sans nous rappeler le poème de Victor Hugo Le Dormeur Du Val. Il y a un côté calme, serein, tout comme ces deux profils, puis tout d’un coup un univers pesant et dérangeant. La limite entre ces deux états est infime. S’agit-il d’un rêve ou bien d’un refus de regarder le monde ?



Le thème de la nuit est abordé par la présence de la lune mais aussi par l’utilisation de la bichromie noire et dorée. Celle-ci permet de garder un univers sombre évoquant la mort mais aussi les peurs enfantines, la peur de l’inconnu.



D’une façon générale, Tremblay nous plonge dans un monde de rêverie. Son art minimaliste met en place une poésie grâce au silence, qui nous fait basculer vers le thème pesant de la mort. Les thèmes abordés et l’utilisation de l’ardoise créent un jeu entre l’éphémère et l’éternel. Bien que le jeu mis en place mêle calme et sérénité, on a aussi un jeu d’humour, de dérision et de sérieux.


Merci à tous les auditeurs de nous avoir suivi et à demain pour une nouvelle émission.


 Sans titre, 1983